2/3 La voix d'un point de vue purement émotionnel

 

"Avec notre voix, nous faisons ce que nous pouvons , pas ce que nous voulons"

 

 Prendre la parole en public n'est pas chose aisée. Cela nous engage en tant que personne, bien au-delà du discours du moment. Que ce soit face à une ou plusieurs personnes, nous percevons bien que nous sommes mobilisés émotionnellement et que cela dépasse parfois l'enjeu de l'instant.

Que nos émotions soient présentes, c'est normal et même utile car elles nous informent sur notre environnement et sur nous-mêmes. Tant que nous les contrôlons tout va bien. A partir du moment où nous nous sentons perturbés voire envahis et que cela nous empêche un tant soit peu d'atteindre sereinement notre objectif, c'est le signe que ce que nous vivons à l'intérieur de nous-même, est en décalage avec la réalité de l'instant. Nous parlons là bien entendu de situations dites "normales" dans lesquelles nous devrions "normalement" rester sous contrôle.

 

Prenons un exemple: vous est-il déjà arrivé de vous dire

  • je ne me sens pas à la hauteur, j'ai peur de dire des bêtises
  • j'ai du mal à affirmer mon discours, je ne me sens pas légitime

  • Devant telle personne, je perds toujours mes moyens

  • je sens bien que je manque d'assurance, je ne vais pas y arriver

alors que vous êtes compétent et que vous vous êtes préparés. Nous voyons bien là qu'il ne s'agit pas d'un problème purement mécanique, de technique vocale, mais plutôt d'une problématique liée à l'image que nous avons de nous-même et de la façon avec laquelle nous nous projetons "à priori" dans une situation. Si nous prenons cette situation comme point de départ, il pourra être intéressant de travailler ce problème par exemple sous les aspects suivants:

 

Comportement : Ce serait quoi pour moi être à la hauteur ? Quels seraient les critères de validations ? Quelle image aurais-je de moi si j'étais à la hauteur ? Ce serait quoi pour moi "dire des bêtises" ? Ai-je déjà eu un langage inadapté dans uns situation donnée bien précise ?

 

Valeurs : Sur quelles valeurs est fondé ce métier qui me fait prendre la parole en public ? Quelles sont mes propres valeurs ? Est-ce que je m'appuie sur mes valeurs dans mon discours ?

 

Identité-sens : Pourquoi est-ce que je fait un métier dans lequel je dois prendre la parole en public ? Qu'est-ce qui me transcende, me dépasse et donnerai un sens à ma prise de parole ?

 

Petite anecdote: Une femme est venue il y a peu me voir en me disant:

 

 "j'ai besoin de travailler ma voix, je n'arrive pas à prendre la parole en réunion. On me dit toujours qu'on ne m'entend pas."

 

 Un bilan vocal a fait état d'une voix ne présentant aucun problème mécanique: souple, capable d'évoluer à des hauteurs différentes sans véritables tensions, simplement un manque de puissance. Nous avons donc en premier lieu travaillé sur la situation de prise de parole et les raisons qui pouvaient la motiver. Au cours de la discussion, elle m'a dit sans se rendre compte sur le moment de ce qu'elle disait vraiment:

 

" Finalement, ces personnes autour de la table, je n'ai pas véritablement envie de leurs parler, de leurs transmettre quelque chose. Ils ne m'intéressent pas".

 

 A l'écoute de ses propres paroles, elle a pris conscience que son comportement était inadapté puisqu'elle faisait une affaire personnelle - je n'ai pas envie – d'une situation professionnelle - en réunion, on me demande parce que c'est nécessaire de prendre parfois la parole -. En tant que personne ayant une conscience professionnelle elle a naturellement corrigé le tir et sait maintenant dire en réunion ce qui est important. Comme par magie, on ne lui dit plus qu'on ne l'entend pas...

 

La voix est un outil de communication régi par des règles mécaniques liées au fait que nous devons synchroniser un nombre important de muscles et de nerfs.

 Elle est aussi l'outil de "notre" façon de communiquer et en cela est soumise à des influences liées à ma posture et ma conception des relations.